dimanche 11 mars 2007

Je suis de retour.

Évidemment j'aurais préféré de passer ce temps autrement, mais la situation s'est créée ainsi. J'espère que ce ne sera pas déplacé de ma part de vous faire part de mes sentiments après ce que j'ai vécu.
Pourquoi j'ai envie d'en parler, c'est trop triste, me direz vous. C'est vrai, mais j'ai comparé les obsèques d'une tante en France il y a quelques mois, les obsèques orthodoxes et les obsèques de notre ami Sergio ici en Italie.
Vous savez qu'en France tout est fait pour faciliter à la famille ce moment douloureux: le défunt ne passe même pas à la maison s'il décède à l'hôpital, là pratiquement personne ne vient lui rendre dernier hommage, et il peut y rester plus d'une semaine. Après un certain âge la personne devient un poids pour la famille -souvenez-vous de la canicule 2003? (bien sur, chaque règle a des exceptions...). Après, aux funérailles il y a une trentaine de personnes maximum (si ce n'est pas une star qui est décédée...).Ceux qui ne sont pas de la famille n'ont même pas vu pour la dernière fois la personne en question, car le cercueil est trop vite fermé.
Ici en Italie (on m'a dit d'ailleurs que c'est ainsi que ça se pratiquait en France il y a 30 ans) les obsèques sont dans les plus pures traditions catholiques. Notre ami est resté dans le cercueil ouvert dans sa maison deux jours et deux nuits pour donner la possibilité à tous les gens qui le connaissaient venir lui rendre l'hommage.(En Russie ça se pratique pareil, même si la personne meurt à l'hôpital, on l'emmène dans sa maison pour qu'elle puisse y passer au moins une nuit. Il est interdit de laisser la personne décédée seule, et dans la maison on couvre tous les miroirs et tout ce qui donne des reflets avec des draps ou autres tissus). Ici, en Italie,troisième jour le matin, le cercueil est fermé et posé devant la maison pour les retardataires, et en attendant la procession de l'église avec un curé en tête. Toute la famille est là et se soutient, mais aussi plus de 200 personnes (amis, collègues du boulots, voisins du village). Le curé dit une petite messe, le cercueil est posé dans la voiture qui l'emmène lentement au bout du village dans l'église. Toutes les 200 personnes le suivent à pieds et sont présentes à la messe dans l'église. Il n'y avait pas de fleurs, la veuve n'a pas voulu. A la fin de la messe le curé dit que la famille a préféré donner tout l'argent récolté pour les recherches contre le cancer. Après la sortie de l'église le cercueil est posé sur une table en pierre au milieu de la cour du cimetière juste à coté, et le curé annonce que par sa mystérieuse volonté notre ami a choisi d'être incinérer. Il faut préciser que dans le pays catholique comme l'Italie il y a beaucoup de gens de tout âge qui se font incinérer. Leur mentalité est très moderne sur ce sujet. Tous les gens passent faire leurs adieux et présenter leurs condoléances à la famille, ça dure encore une trentaine de minutes. Après 2 heures de cérémonie la plupart s'en va, et la famille l'accompagne au funérarium.
En Russie à part que c'est encore toujours mal vu de se faire incinérer, ça se passe d'une manière assez similaire. Mais quand le cercueil est sorti de la maison et posé à coté ,dans la cour, il n'est pas fermé. Il y a souvent un orchestre qui joue la marche funèbre, beaucoup de fleurs, et également beaucoup de monde, c'est très déchirant. Le cercueil est porté sur les épaules jusqu'à la route où il est posé dans un corbillard. Si c'est dans un village la procession suit à pieds, si c'est dans une ville, les gens montent dans des bus prévus par la famille pour les emmener au cimetière. On suit une messe dans l'église du cimetière et après on porte le cercueil (toujours ouvert) sur les bras au cimetière. Après une bénédiction du prêtre et les derniers adieux, le cercueil est fermé et posé dans la terre. Chacun présent doit jeter trois poignets de la terre dans la tombe. Une fois les fleurs et les gerbes mis dessus, tout le monde monte dans des bus pour aller à un repas offert par la famille à la mémoire de la personne décédée.
Le lendemain matin la famille va au cimetière soit disant "réveiller" le défunt, et lui porter à manger. D'habitude c'est un bol du ris cuit au raisins sec, avec une bougie au milieu, et des fois un petit verre de vodka.
Le neuvième et le quarantième jours après la mort du proche, la famille paie une messe à l'église, rend une visite au cimetière et fait des repas à sa mémoire. Le rituel se répète le jour du décès un ans après. La famille porte le deuil au moins 40 jours.
Alors vous voyez que, tout compte fait, la religion catholique et orthodoxe sont proches dans beaucoup de cas.
J'espère que vous ne prendrez pas mal cet article, mais j'ai pensé qu'il y a des gens qui ne savent pas les coutumes des autres pays et que ça peut les faire réfléchir aux qualités humaines,à la vieillesse, à leurs proches en grand âge et à l'estime qu'on leur doit...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tania ce que tu viens de nous raconter n'est pas du tout déplacé . C'est ainsi que nous avons vécu les funérailles de mon beau-père il y a 14 ans au Portugal. Nous avons vécu toutes les étapes dont tu parles ici dans ton post. C'est long, c'est douloureux, tu te croirais dans une autre dimension, c'est choquant pour nous les jeunes générations, mais c'est ainsi que nous accompagnions le défunt vers son paradis.
Bisous Tania
TiteZa