Hier M6 a diffusé un documentaire "Staline, le tyran rouge". Je n'ai pas pu rater ça. J'adore les livres et les films historiques. En plus, quand il s'agit de mon pays URSS. Et oui, car j'ai connu encore ce plus grand pays de la planète qui était l'U.R.S.S. A l'école il était obligatoire de savoir par coeur toutes les républiques et leurs capitales, et bien sur, les montrer sur une carte les yeux fermés. Évidemment, Staline (l'homme d'acier) c'était la génération de mes grands-parents. Et eux, ils m'ont raconté qu'il y avait un tas de gens qui pleuraient ce 4 mars 1953, le jour de sa mort. Et il reste encore des survivants qui regrettent sa disparition, la disparition de l'homme qui avait sur sa conscience 20 millions de soviétiques morts. Pourquoi accuse-t-on les atrocités d'Hitler (ce que j'approuve) mais pourquoi n'accuse-t-on pas aujourd'hui de révisionisme celui qui nie les meurtres et les atrocités de Staline? Comme il y a la génération de mes parents, qui ont de la nostalgie des temps de Brejnev, et qui ont pleuré également le jour de sa mort.
Ma mère regrette toujours le prix du saucisson et d'autres produits d'alimentation dans les années 70, le pouvoir d'achat, quoi... Ce qu'elle oublie c'est qu'il n'y avait pas beaucoup de choix(les vitrines étaient presque vides), on se contentait de ce qu'il y avait. Et puis, on était contents et heureux derrière le rideau de fer, car on ne pouvait pas comparer...
Quand j'ai été à l'école, on lisait beaucoup de Marx et de Lenine, et on faisait des résumés de leurs articles par écrit. Le professeur d'histoire parlait de Staline comme d'un homme qui a gagné la guerre contre Hitler, évitant parler de victimes.A propos, c'est ma ville natale qui s'est opposée aux premières attaques terrestres des troupes hitlériennes le 22 juin 1941. Dans le film d'hier on a mentionné Alexei Stakhanov, mineur qui aurait extrait 14 fois plus de charbon que ses camarades le temps de Staline. A mon époque il nous a encore et toujours été cité en exemple pour éveiller notre esprit compétitif. Ce que nous ne savions pas c'est que cette histoire était une pure invention. Merci M6! Sur l'ordre de Staline le cinéma et la presse présentaient le monde comme il devrait être, mais pas comme il était. Comme disait Coluche :"Grand concours de plaisanteries politiques en U.R.S.S. Et le Premier Prix: 10 ans en Sibérie!" Moi-meme, j'aimais regarder ces vieux films, la plupart en noir et blanc. Ça rassurait et puis les gens y ont été heureux.La propagande était forte encore pendant mon enfance. Par exemple à 7 ans on entrait dans une organisation créée encore par Lenine, et on s'appelait "octiabrionok" ou oktobriste(nom qui provient de la révolution d'octobre). On portait sur la poitrine du coté gauche une pince avec la tete de Lenine. A 10 ans on passait devant une commision où on répondait à leurs questions idéologiques pour entrer dans une autre organisation, et on s'appelait "pionnier", on portait un morceau de tissue rouge autour du cou comme signe distinctif, et gare à vous de l'oublier. Vous risquiez passer devant tous vos camarades de classe et etre jugé. La honte!!! Plus tard, à 14-15 ans on entrait de la meme manière par les examens en "komsomol" et on se préparait vers 20 ans à passer les épreuves pour entrer en Parti Communiste. Heureusement, je n'ai pas eu le temps pour cela! Car tout est allé très vite après la mort de Brejnev. Deux nouveaux hommes en tête d'Etat en deux ans. Chernenko, je m'en souviens pas grand chose... Sous Andropov il y avait des gens à la sortie des magasins à midi pour vérifier l'identité des gens qui sortaient. Il était interdit d'acheter l'alcool pendant les heures du travail.
Et tout à coup Gorbatchev...avec sa perestroika...et sa glasnost... Là, franchement, tout s'est renversé. Les profs d'histoire ont abandonné leurs vieux manuels scolaires et ont commencé à présenter leurs cours s'appuyant sur des articles de la presse. On a découvert certaines vérités sur Staline, Khrouchtchev... On a appris une chose toute bête: ce "grand homme" mesurait 1m60 et portait des chaussures en semelles compensées. D'ailleurs, ça me rappelle quelque chose ou quelqu'un... Allemagne sous Adolf, Chine sous Mao, Corée du Nord, ou peut-etre il faut pas chercher si loin...?
Et après c'est à 80km de ma ville natale de Brest (pas confondre avec Brest français) qu'a été prise la décision de "dissoudre" l'U.R.S.S. et de donner l'indépendance à chaque république-membre. Il y avait des gens qui en étaient fiers, et moi je me suis sentie orpheline. Avant on était de l'Union Soviétique, on était des frères, maintenant on est Bièlorusses, Ukrainiens, Russes etc, chacun pour soi...
Mais cette liberté soudaine n'est pas arrivée toute seule. Elle a apporté avec elle des tickets pour les produits laitiers, la viande, le saucisson,les oeufs, la vodka. Je me rappelle très bien d'aller une heure avant l'ouverture du magasin pour faire la queue et etre dans les premiers pour acheter du lait et du beurre,car il n'y avait pas pour tout le monde, les yaourts on ne savait meme pas ce que c'est. Et puis, partout dans des magasins des fils d'attente en cas où il y a une marchandise qui arrive... Heureusement que ma fille n'a pas connu tout ça, car aujourd'hui tout a changé, et la vie n'est plus la meme.
Mais le film d'hier m'a rapporté biens de souvenirs et à mon avis, il a rappelé à tous les gens qui l'ont vu qu'on est jamais à l'abris d'un dictateur, et ça fait peur...
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5 commentaires:
.. j'ai adoré te lire TANIA... tu as vécu cela: pour moi c'est si abstrait..c'est d'un autre monde, et pourtant si proche.. mais bien sûre que ces émissions remettent souvent les pendules à l'heure.. tu es un peu comme moi: entre 2 mondes.. 2 cultures, 2 façons de penser. entre ceui doit être bine et ce qui doit être mal.. on ne peu pas.. choisir quelque fois !! j'ai aimé ton clin d'eoil sur les "grands "de ce monde.. j'ai eut la même pensée que toi..
beau récit..
bonne journée Tania....bisous...
Et bien Tania, nous regardions tout cela à la télévision. Ces histoires, ces mensonges que vous avez tous vécus en Russie ! Cela nous paraissait si loin si décalé, par rapport à nos petites vies bourgeoises à Paris. Maintenant je comprends mieux. Enfin avec l'âge aussi nous apprécions le récit des personnes qui ont subi ce monde sous une emprise dictatoriale. C'est vrai quà notre époque nous ne comprenions pas mais j'imagine qu'expliquer ceci à nos filles est encore plus difficile. Depuis plus de cinquante longues années ici en France règne la paix. C'est vrai que nous vivons dans une société de consommation. Alors quand je te lis, je comprends désormais que des millions de gens ont souffert. Mais ce thème reste encore d'actualité dans certaines contrées. Mon dieu quand les hommes comprendront qu'ils s'enferment tout seul dans leur misère .
Heureusement pour toi et ta famille vous a vécu des jours meilleurs ! Maintenant, il est vrai que bon nombre de personnes seront marquées à vie par leur passé douloureux. En attendant ton récit est passionant ! Je me sens toute chose maintenant ! Brevo Tania de nous retracer tes racines et nous conter merveilleusement bien tes souvenirs.
Bisous
Isabelle
coucou!!
Mon pére a été libéré par l'armée rouge,il était dans un camp de travail,il a un respect immense pour le peuple de russie.
Et du coup ces enfants aussi.
@ Tchaque:
Merci de ta visite. J'espère avec mon expérience de vie en Ex-URSS je vous fais découvrir autrement la Russie et d'autres républiques de cet immense pays qui était L'Union Soviétique.
je relis ce vieux post en cherchant d'autres informations chez toi, et je sis toute émue. c'est vrai que nous, de l'autre coté" du rideau de fer" on apprenait à voir l'URSS comme une grande puissance mais si fermée!
Les cartes de géographie traçaient une frontière grise après l'Europe...Inconnus les pays de l'autre côté, à peine si on savait qu'ils existaient.
Drôle de décalage pour nos enfants (ma fille est née l'année de la chute du mur de Berlin) qui n'imaginent pas toute cette partie d'histoire.
Ton témoignage est vraiment précieux et très touchant.
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