mardi 27 mars 2007

EN QUOI AURAIS-TU ETUDIE SI TU EN AVAIS EU LA POSSIBILITE?

Je suis tombée sur cette question chez Manola. Et elle m'a renvoyé dans mon passé, dans mon pays d'origine qui est l'Ex-U.R.S.S. Les moeurs naissent du passé. L'évolution d'un peuple naît de son histoire. C'est pourquoi, je ne renie jamais mes origines, mais au contraire j'en suis fière. Manola est née sur une île, un petit coin de paradis, où tout prédispose au repos et au plaisir. Moi, je suis née en Biélorussie, un coin de la planète avec un climat assez sévère, en plus à l'époque de Brejnev, quand les gens ne savaient pas trop la notion du repos, ni de voyages... Tous, on a été derrière un rideau de fer. La propagande communiste était très forte. Pour "le plaisir" on donnait aux gens des morceaux de terre dans le périphérique de grandes villes, nommés "DATCHA". Ça donnait l'impression de devenir plus riche, on partait pour les vacances à la datcha. On faisait parfois des chachlik, on faisait la bringue, mais le reste du temps on bossait "cul en l'air", en arrachant les mauvaises herbes, en plantant des légumes, des fleurs, sans avoir du temps pour monter la tête et regarder le soleil. Il existait même une blague dans ce genre:
"Il y a un homme et une femme qui se rencontrent au marché. Ils se regardent et se posent la question où ils pouvaient voir l'un l'autre? Après un quart d'heure de recherches infructueuses l'homme dit à la femme de se pencher en avant. L'autre étonnée ,exécute quand-meme. L'homme sourit et dit: "Bonjour ma voisine de datcha!".
Une toute autre politique était menée par rapport au travail et aux études. Je m'en souviens très bien, déjà à 7 ans, la maîtresse à l'école nous disait que pour ceux qui veulent balayer les rues quand ils seront grands, il suffira d'apprendre à lire et à écrire. (Là d'ailleurs j'ai été fort surprise quand j'ai vu pour la première fois les statistiques sur les enfants français qui quittent l'école sans apprendre bien lire ou écrire!!!)Mais comme personne ne voulait aller balayer les rues, alors tout le monde était en compétition et essayait de faire de son mieux pour avoir de meilleures notes possibles. Autrement dit, on nous disait:"Veux-tu des perles? Plonge dans la mer!"J'aimais bien étudier, mes parents ne m'ont jamais forcé à faire mes devoirs. De leur retour du boulot le soir, ils avaient qu'à contrôler ce qui était déjà écrit dans les cahiers ou appris par coeur. J'ai été vraiment très sage et je voulais qu'ils soient fiers de moi et de mes résultats scolaires. Bizarrement l'idée de ce que je voudrais faire en futur m'est venue à l'âge de 11 ans, lors de ma première leçon de français. Ce qui est encore plus bizarre, c'est qu'elle ne m'a jamais quitté. A partir de 11 ans je savais que je voulais apprendre des langues. Alors j'ai tout fait pour ça. Il est à préciser qu'en Ex-U.R.S.S. tous les diplômés avaient une garantie d'emploi de 3 ans après l'Université, c'était obligatoire en même temps, ou autrement dit, c'était le prix à payer à l'Etat pour les études supérieures gratuites pendant 5 ans et pour la bourse que l'Etat nous payait (plus ou moins élevée-ça dépendait de nos résultats).On était en quelque sorte rassuré par nos diplômes et surs de notre avenir. C'était différent par rapport à aujourd'hui, quand l'Avenir se présente comme un fantôme aux mains vides qui promet et qui n'a rien. Alors vous comprenez qu'il y avait un grand intérêt d'être le meilleur!!! Et puis, seulement les étudiants qui réussissaient avoir le diplôme rouge, pouvait choisir, où travailler pendant 3 ans. J'ai réussi après l'école à rentrer à l'Université linguistique à la faculté de français, avec l'anglais comme deuxième langue.(Même si la jurisprudence et le journalisme me tentaient aussi beaucoup à 17 ans). 5 ans plus tard, je quittais mon Université avec un diplôme rouge (=mention très bien) qui me donnait la possibilité d'exercer le métier du professeur des langues étrangères et interprète. Au total je parle 5 langues: russe, biélorusse, français, anglais et italien. J'ai plutôt réussi ma carrière quand je vivais de l'autre coté de "la barrière". J'ai eu des jobs passionnants...J'ai rencontré des gens intéressants et intelligents. Mais maintenant, en vivant à l'étranger, ce n'est pas toujours le cas. Quand j'ai vécu en France, j'ai été quelqu'un sans profession, car tous les Français parlent français. Logique, non? Quant'à mon anglais, les directeurs des entreprises préfèrent toujours un moyen employé Français au meilleur étranger. Bon, en Italie, j'ai un peu plus d'ouvertures, mais ce n'est pas toujours évident non plus. Mais je ne me pleins pas, je suis heureuse malgré tout.
Pourquoi je raconte tout ça? Bah, parce qu'à mon avis, il n'est pas suffisant d'être volontaire et motivé dans la vie, d'apprendre beaucoup; faire de grandes études; avoir une tête - boite à projets; il faut aussi un peu de chance et apprendre à relativiser les choses, ce que nous ne savons pas faire étant jeunes. Et il ne faut pas surtout oublier que c'est avec nos petits talents ordinaires, qu'on parvient à être extraordinaire!
Je regarde les ados d'aujourd'hui. Il y en a beaucoup qui changent d'avis chaque année. Ma fille à l'âge de 4 ans voulait être une caissière au magasin, car elle pensait que tout le monde allait lui donner de l'argent. Plus tard, elle voulait être l'institutrice. Encore plus tard, professeur d'école. Maintenant, elle dessine très bien à point de participer aux concours différents, et elle écrit des poésies en russe et en anglais. Elle dit qu'être designer en informatique ça la tente. On va voir combien de fois elle va encore changer d'avis...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Sublime ton récit ! C'est dingue ce pouvoir que tu as de nous tenir en haleine ! Ah ma Tania !!!
Mais je ne comprends pas une petit chose : Excuse moi de m'initer comme cela..mais en France, pourquoi n'as-tu pas mis à profit tes talents linguistiques au profit de touristes russes ? Remarque, ils ne sont peut-être pas très nombreux ?? Mais nous pouvons en voir par ici, certains sont friands de notre pays ? Toi seule peut me répondre.

Et bien je pense que dans quelques années les "designers" vont arriver en force sur le marché du travail ! Petie Méli aimerait faire cette profession en architecture ! Ben ma fille va falloir assurée lui ai-je répondu (surtout l'anglais !!!)
Allez ma Tania, j'attends tes réponses à mes questions, ton histoire me passionne et "tes pays" aussi !
Bisous
Isa

Anonyme a dit…

bonsoir Tania...
super récit... on voit la différence entre une personne qui a fait des études et une autre qui n'en a pas fait.. c'est juste un constat , pas une dévaloritation pour moi.. mais c'est pour tout cela que je veux que mes enfants fassent des études.. cette culture génarale.. qu'on peu aussi avoir autrement je le reconnais aussi.. !!!

voilà 2 extrêmes: entre ton pays et mon ile.. Toi tu savais déjà dès la primaire le pourquoi de cette vie d'écolière: moi je ne le savais pas, avec en plus cette envie d'apprendre: j'ai fait partie de ces enfants assez précoces, vu qu'avant d'entrer à l'écoleje savais déjà lire..Mais la bas, on en a pas fait cas de tout cela.. j'ai des nièces avec des notes hypers fortes: ben eles font des BTS parce que : c'est comme cela ! alors qu'elles auraient pu venir ici en métropole pour faire d e longues études.. bon ce qu'elles font c'est super bien aussi: future assitance sociale et une autre dans le tourisme.. ce que je reproche à ce sytème calédonine: c'est ce "m'en foutisme"... ensuite ils s'étonnent pourquoi il n'y pas assez de diplômés!!! oui le soleil n'aide pas : mais c'est peut être cela aussi la vie pourquoi vouloir plus?? oui tu as raison aussi là dessus: le principal: c'est de trouver sa voie...d'être heureux dans son quotidien.. c'est ce que j'ai inculqué à mes enfants: avoir sa passion comme métier : déjà c'est extra...
on peu en dire et en dire sur ce sujet..
mais voilà bien 2 extrêmes: c'est super un blog pour cela: on voyage d'une identité à une autre.. en essayant de comprendre mais surtout en découvrant une autre vie, un autre mode de vie et surtout d'autres pensées...
merci Tania pour ce récit...
bonne soirée... TiteZa et à toi Tania...
tata...

Rosie a dit…

En ce qui me concerne, j'ai occupé les métiers que j'avais choisis.

J'ai été professeur, adjointe-administrative, gestionnaire de projets à l'international.

Présentement, je suis en sabbatique.

Il n'y a rien comme réaliser ses rêves.

Je te souhaite et souhaite à ta fille de réaliser vos rêves.

Belle journée bella et bisous.

Tania a dit…

Merci les filles pour vos commentaires. Ca me fait plaisir de vous faire découvrir les différences qui existent entre nos pays et nos systèmes.Comme quoi que tout n'est pas négatif en Ex-URSS, comme le présentent les médias.
Pour répondre à ta question, Isabelle, c'est tout simple. Il y a en fait, 2 causes pourquoi c'était difficile de trouver un job en France: 1) la plupart de groupes russes viennent avec leurs propres guides; 2ème se cache dans mon article sur le racisme. Et oui, meme si je suis blanche, je l'ai subi,la discrimination; on préfère chercher un français qui parle russe qu'engager une étrangère... Et ça, étant de l'autre coté de la barrière chez nous, on ne le comprend pas. On croit qu'il suffit de venir en France et tout le monde a l'égalité de chances.Ce qui est loin de la vérité. Par contre, avec mes diplomes je sais que si un jour je suis obligée de retourner chez moi, je ne serai pas en chommage.Quand j'ai été en Biélorussie, j'ai changé pas mal de jobs, mais tous mes jobs me plaisaient. J'ai été prof de français et d'anglais; guide-intèrprète; j'ai été l'expediteur dans une société de logistique; après j'ai travaillé comme l'adjoint du directeur d'une autre société de logistique; et j'ai fini comme responsable du département de transport dans une société de transport qui travaillait pour l'Europe. Ici ce n'est pas le cas, je dois me contenter de petits boulots à part-time. Mais bon, on ne peut pas tout avoir. J'avais de bons boulots là, mais j'ai été malheureuse du point de vue personnel. Maintenant je suis comblée dans ma vie personnelle, mais ça va pas fort avec les jobs. Et on s'en foue!!! On relativise!!!
Bisous à vous trois.
Tania

Rosie a dit…

Super tes images sur l'amour.

L'amour, pour moi, c'est d'abord la complicité, la confiance l'un envers l'autre, l'honnêteté et la fidélité entre conjoints.

L'amour, c'est le dépassement de nos limites amoureuses, c'est toujours vouloir le meilleur pour l'autre, c'est aussi beaucoup d'humour.

Voilà en gros ce qu'est l'amour pour moi.

Belle journée bella et bisous.