dimanche 16 septembre 2007
Capitale du bassin ocrier.
Qui n'aimerait Roussillon s'il aime la lumière, la couleur, l'ardeur, les vastes horizons et cette paix minérale des nuits étoilées du Midi. On le quitte avec le désir d'y revenir, et on revient, pour le retrouver tout semblable et, cependant jamais le même. J'ai décidé de vous y emmener aujourd'hui, quand l'été commence à perdre ses lumières pour céder sa place à l'automne, pour que vous puissiez garder avec vous un petit souvenir, haut en couleurs de cet été passé, mais aussi pour vous donner envie de visiter cet endroit magique ou d'y retourner si vous l'avez déjà vu. Ce village est situé à 50km d'Avignon (bien pratique pour visiter en même temps le Palais des Papes), et doit son nom à son appellation à la période romaine "Vicus Russulus" (nom tiré du "Mont Rouge" sur lequel il est bâti). Roussillon peut être considéré comme capitale du bassin ocrier. Il est bâti à 335 mètres d'altitude sur le sommet du Mont Rouge. La colline est constituée de sables quartzeux, ocreux (jaunes, rouges ou blancs) recouverts d'une carapace de pierres et terres ferrugineuses imperméables qui en protégeant le site fragile des falaises a permis la construction du village. Le village baigné de couleurs mêle la richesse de ses ocres aux fleurs sauvages qui participent à la fête; arbustes et roses trémières vont à la rencontre de la lumière. A travers les ruelles en empruntant les escaliers pittoresques qui rejoignent les différents niveaux, nous avons la confirmation de l'importance des ocres qui ont coloré les demeures avec bonheur et imagination. Les maisons aux toits de tuiles, implantées de façon fantaisiste au gré des besoins et des sentiers, serrées autour du clocher rose qui, enjambant la rue, porte haut cloche et horloge sous sa campanile, constituent un puzzle de volumes et de couleurs du plus bel effet, tandis que, du belvédère de l'ancien castrum ( l'emplacement de l'ancien place-forte, lieu de protection aux périodes de troubles) un large panorama s'ouvre sur l'environnement mêlant le rouge des falaises aux verts des pinèdes dans une palette merveilleuse de Vaucluse. Une très belle légende des Amours de Guillaume de Cabestan et de Dame Sermonde est liée à ces lieux. Dame Sermonde était l'épouse de Raymond d'Avignon qui était coseigneur de Roussillon à la fin du XIIème siècle. Guillaume de Cabestan était à la fois page et troubadour. Alors que le seigneur était à la chasse, Guillaume et Dame Sermonde restaient souvent seuls... si bien que l'Amour vint les réunir. Le mari berné, se rendant compte de son infortune, amena un jour le jeune troubadour à une partie de chasse et là, le poignarda, lui trancha la tête et lui arracha le coeur. Avant que la disparition de Guillaume ne fut connue, il revint au château et donna l'ordre à son cuisinier de préparer le coeur pour le repas de midi. Dame Sermonde s'en étant régalée, Raymond lui présenta la tête coupée et lui signala qu'elle venait de manger le coeur de son amant. Sans hésiter, Sermonde, de précipitant hors du château, courut à l'extrémité du castrum et, du haut du roc, s'élança dans le vide pour aller s'écraser soixante mètres plus bas. La tradition veut que les deux amants aient été inhumés ensemble aux environs de la bourgade, et la légende ajoute que leur sang colora tout le paysage. Les ocres de Roussillon furent exploitées dès la période romaine. Les romains faisaient grand commerce des ces ocres qu'ils faisaient circuler à dos d'ânes jusqu'à Marseille; de là ils gagnaient les autres ports méditerranéens. Après avoir sommeillé pendant des siècles, l'exploitation connut son apogée de 1850 à 1940; à la fin de l'industrie de la soie, Roussillon y retrouva sa prospérité et à l'aube du XXème siècle, beaucoup de ses enfants travaillaient aux carrières. Les ocres servaient les besoins des fabricants de peintures, de papiers peints, de linoléums, de textiles; elles étaient aussi utilisées pour les ateliers de polissage. Roussillon était la capitale de l'ocre pour la France, bien sur, mais aussi pour une grande partie de l'Europe. En 1929, le pays d'Apt extrait 35 000 tonnes de produits, dont 90% à l'exportation; ce sera l'apogée de cette industrie qui se verra peu à peu concurrencée par les produits synthétiques. En 1941, il ne sera produit que 7 000 tonnes et les derniers ateliers fermeront vers 1950. En raison de son caractère particulier et pratiquement unique, ce site a été classé pour en assurer la protection. Aujourd'hui, il est possible d'effectuer une promenade sur des tapis de couleur à la rencontre de formes et de contrastes entre le bleu du ciel, les ocres et la végétation, le tout accompagnée des parfums des pinèdes. On remarque ici l'extrême diversité des nuances des ocres ce qui, en cuisant plus ou moins les "pains", permettait d'obtenir une palette allant du jaune clair au brun le plus profond, ce qui fait le bonheur non seulement des adultes, mais surtout des enfants... Le site a conservé son aspect nature et sauvage; les arbres y croissent en liberté jusqu'au bas de la vallée. On peut dire que les carrières sont envahies par la végétation des pinèdes. Dans ces carrières d'ocre, l'érosion a façonné le sol en lui donnant les formes les plus fantaisistes. On peut voir sur ces photos l'action du vent sur les surfaces fragiles des gisements, ce qui a laissé sur le site des formes inattendues. Alors, vous avez compris, si vous êtes romantiques et curieux, si vous aimez la nature (et même si vous ne l'aimez pas) il faut absolument que vous alliez voir ce site.
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3 commentaires:
Roussillon "Ocres et couleurs", que c'est beau, les couleurs sont fantastiques, cela doit être dur pour les yeux en plein soleil, toutes ces couleurs.
Très belle visite de ce coin de pays, comme d'habitude, chanceuse de voyager comme cela.
Passe une belle journée bella et bisous xoxoxo
@ Rosie:
Je suis d'accord avec toi, Rosie. On peut dire que je suis une personne assez chanceuse. Car grace à mon chéri, j'ai cette possibilité de voyager. Evidemment, la vie n'est pas toujours rose, mais de l'autre coté, j'ai vu tellement de choses et endroits beaux ou insolites, que je ne dois pas me pleindre.
Quant'aux couleurs, c'est vrai, on en a pris pleins les yeux!!!
Bisous.
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