Embrun - la Nice des Alpes.

Comme vous avez compris, je suis de retour en Italie, après une semaine de vacances... Où???? Evidemment, en Nous sommes partis le 31 octobre, le jour de Halloween, quand la plupart de gamins se déguisent pour vous faire peur. D'ailleurs on en a croisé pas mal sur notre chemin. J'ai hésité quel moyen de transport choisir? Il parait que Mme Lagarde a lancé un appel pour rouler en vélo!!! Manque de bol, je n'en ai pas trouvé à ma taille!!! Alors, on est restés fidèles à nous-memes, et on est partis en voiture. La première grande ville sur notre route était Briançon, mais comme je vous ai déjà parlé de cette ville, j'ai décidé de ne pas approfondir le sujet. J'ai juste fait 2-3 photos pour ajouter à ma collection. Par contre, la ville suivante a attiré notre attention. EMBRUN. La ville, située entre Briançon et Gap (département Hautes Alpes, région PACA), qui se trouve à l'altitude de 870m, domine la Durance du haut de son roc de 80m, qui de tout temps avait protégé les Embrunais. D'ailleurs, la vielle cité d'Embrun doit l'origine de son nom à sa position (EBR- "eau" et DANUM-"élévation"). Dans ce pays de haute-montagne, certains sommets avoisinent les 3000 mètres. Un dépaysement assuré pour tous les amoureux d'espace, d'air pure et de silence. Appellée aussi la Nice des Alpes pour son climat, Embrun bénéficie de 300 jours d'ensoleillement par an. Cette ville fut la capitale des Alpes sous l'empire romain, puis dès le IVème s. avec Saint Marcellin, devint métropole ecclésiastique, siège d'un Eveché, et plus tard Archeveché jusqu'à la Révolution française. En meme temps, Embrun est une ville militaire fortifiée par Vauban à la fin du XVIIème siècle. Aujourd'hui, comptant 6700 habitants, Embrun est une cité dynamique, tant par ses animations que par la vie économique qui s'y développe. Mais elle cache toujours au détour de ses ruelles et placettes de nombreuses traces de son passé. En flanant, nous sommes partis à la découverte des modillons, des mascarons, des cadrans solaires, des arcatures et des lions, au symbolisme parfois obscur, qui ornent les façades. Nous avons suivi le cheminement piétonnier, pour découvrir pas à pas, à chaque coin de la rue de bien belles surprises: fontaines murmurantes, maisons renaissances, passages voutés, sculptures, vieille tour brune, - les temins silencieux de plusieurs siècles d'histoire. La première place où nous arrivons est la Place Barthelon avec le batiment de la Mairie et la plus importante fontaine (16ème s.) de la ville. De belles portes à panneaux moulurés ou sculptés, aux impostes ajournées, ponctuent le rythme des maisons colorées, et la convivialité est toujours présente autour des fontaines de marbre... On traverse la place et notre regard ets attiré par un cadran solaire sur le batiment à notre droite. Il a été peint en 1996 par Rémi Poteiy, artiste cadranier local.Beaucoup de cadrans solaires scandent à ceux qui prennent le temps de les lire, une maxime ou un proverbe... Celui-ci nous offre un texte en provençal-alpin qui signifie : "Comment veux-tu voir le fond de l'eau si tu ne cesses de la remuer". Au sommet du cadran vous pouvez voir les armoiries d'Embrun. Quelques mètres plus loin, au-dessus de la boulangerie nous apercevons une arcature lombarde (début 13ème s.) composée de 6 arcs terminés par des modillons et un lion. On continue notre visite et nous voilà sur la Place de la Mazelière avec une fontaine-monument aux morts de la guerre de 1870, une maison et sa tourelle d'escalier du 16ème siècle, et sur la batisse de gauche une sculpture évoquant un pélerin de St Jasques de Compostelle. Sous les tilleuls, les platanes et les marroniers, on écoute se meler l'accent méridional et le parler gavot... A partir de là, la rue change de nom pour s'appeler Sur la gauche, après un passage vouté on voit la Maison des Gouverneurs et sa porte "renaissance" accostée d'un lion à mi-corps tenant dans ses pattes une tete humaine. On descend encore la rue jusqu'à la Place Font-Guers où la fontaine porte 3 blasons sur son fut, représentant les armes de France, celles du Dauphiné et celles du chapitre de la Cathédrale. Nous remontons la rue sur quelques mètres, pour continuer sur la droite par la rue Savine qui conduit à la cathédrale par un passage couvert. Arrivés sur le parvis on se retourne et on voit bel ouvrage roman du 13ème s. avec des fenetres géminées et son haut-relief composé d'un lion dévorant une chevrette. Le jour de notre visite, elle a ouvert ses portes aux touristes gratuitement, après une période de restauration, et nous avons pu voir les fresques murales, un cerf et une biche, généreusement pretés par le Musée Départemental de Gap, le tout accompagné des sons de chasse. On quitte la Maison des Chanonges , face à nous se dresse Nous profitons de l'occasion pour faire la visite extérieure et intérieure. Dédiée à la Vierge Marie, la Cathédrale Notre Dame du Réal - monument religieux le plus important des Alpes françaises, fut érigée entre 1170 et 1220. Son clocher engagé dans la façade, ainsi que des éléments d'architecture comme la grande rosace sur le portail, la rattachent au style gothique. Toutefois, son identité très particulière s'inspire de la tradition lombarde et italienne. A cette époque et en ces lieux, il est vraisemblable que ses batisseurs vinrent de l'autre coté des Alpes, ce qui explique la sobriété et l'harmonie de ses proportions "romanisantes". Bien qu'ayant fait l'objet de reconstructions partielles au XXème s., la Cathédrale d'Embrun demeure d'une grande authenticité architecturale, et à mon avis, mérite largement son titre de monument historique. Comme on vient de le constater, du style roman et gothique, elle se compose en alternance de pierres noires et blanches (Tuf et Schiste), d'une allée centrale longue de 52 mètres sur 23 de large, d'une nef de 22 mètres de hauteur et de 2 nefs latérales, ainsi que d'un clocher à flèche octogonale, reconstruite après que la foudre l'ait frappé le 18 juin 1852. Au cours des siècles, Notre Dame du Réal fut surtout connue pour son porche abritant une fresque aux vertus miraculeuses, représentant l'adoration des Rois Mages (Réal=royal). La fresque fut détruite pendant la Révolution, mais, malgré cela, le pouvoir attractif de la Cathédrale d'Embrun demeure entier. Il est à remarquer que la première Cathédrale d'Embrun fut construite de 810 à 826, avec l'aide de Charlemagne. Détruite plus tard par les Sarrasins, elle sera reconstruite aux XIIème et XIIIème siècles, au moment où l'art Roman cède sa place au Gothique. Nous nous sommes retrouvés devant le portail principal, appelé "le Réal", sans doute de la déformation du mot Royal, la Cathédrale ayant été durant des siècles visitée par de nombreux Rois de France, venus en pèlerinage sous l'impulsion du pieux Louis XI. Ce dernier, guéri par Notre Dame du Réal (Vierge d'Embrun) y revint à plusieurs reprises. Charles VIII s'y arreta en 1489 et 1494; Louis XII y passa aussi en 1502 ainsi que François Ier, qui y campa dit-on en 1515 à la veille de la bataille de Marignan; Henri II y fut reçu en 1574 et Louis XIII, accompagné du Cardinal de Richelieu, termina la série des visites royales. C'est donc ici l'entrée principale (du début XIIIème s.). Elle est abritée par un porche soutenu par 4 colonnes en marbre rose, dont les deux premières reposent sur 2 lions couchés, en marbre du Queyras, symbolisant la force divine. Après avoir admiré le tympan représentant le Christ bénissant, on accède à droite à la façade oocidentale, composée notamment d'une grande rosace à 12 volets, séparés par des colonnettes de style corinthien datant du XVème, réhaussée de 3 oeils de boeuf, avec un peu plus bas, une porte en pleine cintre ornée de 3 nervures cylindriques, reposant sur 3 colonnes. A l'intérieur, le maitre autel du XVIIIème siècle en marbre polychrome, les autels baroques, le grand orgue offert par Louis XI, les vitraux, ainsi que d'autres trésors, ne nous laissent pas indifférents. En sortant de la Cathédrale nous nous dirigeons vers la Tour Brune, ancien donjon des archeveques construite à l'aube du 13ème s.. Son nom serait la déformation de "Tour Embrune", ou bien issue de la couleur brune de ses murs... Signe extérieur du pouvoir épiscopal, ce donjon servait avant la Révolution de prison, d'arsenal et de salle de Trésor. Au XIXème s., c'est l'armée qui utilisera cet édifice comme citerne d'eau pour la caserne, puis comme prison. Des dessins réalisés par les prisonniers durant l'époque napoléonienne subsistent encore dans une des trois salles de la Tour. Jusqu'au début du XXème s., la Tour Brune garde une toiture en charpente de bois à quatre pans en forme de pyramide. Son couronnement en créneaux fut refait en 1927 suivant un modèle plus Avignonnais (Palais des Papes) que réellement Embrunais. Classée monument historique, cette tour singulière est un joyaux du patrimoine des Hautes Alpes. Aujourd'hui elle est aménagée en espace muséographique par le Parc National des Ecrins. Contigu à la Tour Brune, les salles d'expositions du Passé d'Embrunais présentent toute l'année des objets et des documents temoignant de l'histoire de la ville. Nous terminons notre visite avec la vue panoramique du sur l'horizon qui se prolonge sur les montagnes et le lac de Serre-Ponçon. Dans ce petit square il y a toujours beaucoup de monde: de personnes agées et de toutes petites, qui regardent le monde avec les yeux grands ouverts, comme ces deux enfants qui découvrent le monde à travers la lecture, en revant passer un jour des voyages virtuels aux voyages réels...