dimanche 1 juillet 2007
FETE DE "KOUPALLE"
Il existe chez nous en Bélarus un jour, ou plus précisément la nuit, quand renaissent les vieux villages, les déesses et les mythes de la foret, et les ponts sur les ruisseaux où rêvent les jeunes filles. Alors les solstices renvoient aux anciennes croyances. Les lutins des marais et les elfes des étangs se donnent la main pour danser dans les brouillards matinaux, quand personne ne fait encore la différence entre la terre et le ciel... C'est la nuit de "Koupalle". C'est probablement une fête la plus franche dans la mythologie biélorusse, avec un sens érotique sincèrement exprimé. C'est la fête en l'honneur de solstice d'été. Et pourtant, dans la nuit des temps, il n'y avait pas de distinctions pour ces festivités. Tout le monde célébrait cette fête le même jour (ou plus précisément la nuit). Tandis que dans le Christianisme, ces dates ont un sens précis. Ces jours-ci, les catholiques et les orthodoxes fêtent la naissance du prophète Saint Jean Baptiste, qui a baptisé Jésus-Christ dans le fleuve Jourdain après l'avoir désigné comme "l'agneau de Dieu". Le verbe "koupats" (d'où vient le nom "Koupalle") en biélorusse signifie "baigner, donner un bain à qn". Et le nom de Jean est tradiut en biélorusse (et en russe) comme Ivan. Alors, grâce à l'activité de l'église chrétienne, à coté du nom d'Origine "Koupalle" se sont apparus d'autres noms, comme "Ivan Koupala" ou "Jour d'Ivan". "Koupalle" que l'on fête pendant la nuit, commence d'habitude (comme la tradition de toujours l'exigeait) l'après-midi du 23 juin ou du 6 juillet. La première à participer dans les festivités était toujours la jeunesse. Les jeunes filles se rencontraient par des petits groupes vêtues des costumes nationaux biélorusses, et allaient dans les champs des blés. Elles y ramassaient des fleurs et en les tressant, fabriquaient des couronnes. Quand j'ai été gamine, je savais très bien faire des couronnes de fleurs. Je m'entraînais chaque été à les fabriquer avec des pissenlits, des marguerites et des bleuets. En générale, la couronne de fleurs est un des éléments principaux de "Koupalle". Plusieurs légendes ont été liées avec ces couronnes. Par exemple, on disait que si la jeune fille ramassait des fleurs dans les champs des voisins, elle pouvait attirer un fiancé qui habitait ailleurs. Allez savoir pourquoi les jeunes filles ne voulaient pas de mari du même village!!! Les jeunes hommes, eux, pendant ce temps-là, préparaient le lieu des festivités. Ce n'était pas facile à trouver un lieu, car les rites exigeaient qu'il se trouve au carrefour des routes, ou bien près de l'eau. L'idéal était la présence des deux conditions. Ils ramassaient des branches sèches pour le feu de camp. Ils plantaient dans la terre une longue perche en bois. A son sommet, on accrochait une vieille roue, à partir de laquelle on balançait des cordes huilées jusqu'à la terre. Ensuite, on entassait autour de la perche, jusqu'au sommet, des vielles branches sèches. Le soir venu, tous les alentours résonnaient avec des chants de "Koupalle", chantés par les jeunes filles qui revenaient des champs. Dans ces chants, les jeunes filles demandaient au Feu d'allumer par sa magie le feu de camp. Dès que le soleil se couchait derrière l'horizon, on allumait par terre les vieilles branches, et le feu, en suivant les cordes huilées, montait très vite jusqu'à la roue, qui représentait le Soleil. Le Soleil devait protéger contre les méchantes créatures qui, selon la légende apparaissaient sur la terre durant cette nuit, et qui pouvaient porter malheur aux gens. De nos jours, les feux de camp de "Koupalle" sont allumés de manière très différente. Parfois, on allume un sapin solitaire avec toujours une roue accrochée au sommet. Parfois ça se passe sur la rue ou place principale. Parfois, on allume des tonneaux. A mon époque, dans le village de mes grands-parents, on allumait une trentaine de roues de camion et d'auto, entassées l'une sur l'autre, en commençant par la plus large , et en finissant par la plus petite en diamètre. Ça se passait dans les prés derrière le village, où d'habitude le troupeau de vaches broutait de l'herbe pendant la journée. C'était la seule nuit, pendant mes vacances d'été , quand j'avais le droit de ne pas revenir dormir à la maison. Incroyable quantité de gens y participait, des plus petits aux plus âgés, ne serait-ce comme les spectateurs. On invite aujourd'hui des musiciens, des cracheurs du feu et d'autres artistes pour animer cette fête. Comme avant, les jeunes filles se donnent les mains, dansent et chantent autour du feu. L'une des traditions de cette fête, ce sont les jeux avec les sauts par-dessus le feu. On croyait que ce rituel purifiait le corps des maladies, et l'âme - de l'envie et mauvais sentiments accumulés dans la vie quotidienne. On disait aussi que si on sautait par-dessus le feu à deux, ça garantissait de passer toute la vie ensemble. Par contre, si l'un des deux restait bloqué au milieu du feu, ou bien restait de l'autre coté du feu, alors, à coté des pieds brûlés et les sandalettes fondues, le destin n'était pas favorable pour une vie commune. En ce cas, l'année suivante, il faut retenter le coup avec un autre petit copain. Parfois les jeunes filles jetaient leurs couronnes de fleurs dans les flammes. La maîtresse de celle qui brûlera la première, se mariera la première. Si un jeune homme arrivait à attraper une couronne à la volée, la fille à qui elle appartenait, devenait sa fiancée. Et si le garçon changeait d'avis et ne voulait plus se marier avec elle plus tard, ç' était considéré comme pêcher. On croyait que Saint Jean Baptiste lui-meme les avait "mariés". Beaucoup de légendes et croyances ont été liées avec une "fleur-paparats" qui devait obligatoirement fleurir cette nuit (une fois par an!!!). Celui qui réussit à la trouver et à la ramasser, deviendra l'homme le plus riche de la Terre. Il découvrira les pouvoirs inhabituels, il comprendra le langage des herbes, des arbres et des animaux. Les légendes de "Koupalle" sur la fleur mystérieuse ont accumulé en elles le désir des gens anciens connaître les secrets de la terre et devenir clairvoyants et heureux. Malheureusement, je n'ai jamais trouvé la "fleur-paparats", ni même jamais entendu, ni vu quelqu'un qui aurait pu trouver cette fleur. Jeunes et romantiques, avec mes copines on cherchait la fameuse fleur, sans savoir exactement de quoi elle a l'air!!! A l'aube, une fois le feu éteint, les jeunes filles descendaient vers une rivière ou un lac, et envoyaient ses couronnes (qui n'ont pas été brûlées) en voyage sur l'eau. Certaines mettaient à l'intérieur des bougies, ça faisait des dizaines de petites lumières dans le brouillard matinal. Si la couronne partait, la fille pouvait compter avoir un fiancé et même se marier dans l'année. Si la couronne flottait à coté du bord, la fille savait qu'elle restera célibataire encore une année. Après avoir jeté les couronnes dans l'eau, les jeunes filles rentraient dans l'eau elles-memes, pour se baigner............nues!!! A leur tour, les garçons cachaient leurs vêtements et les leur rendaient seulement pour une rançon. Les baisers, les chants, les danses, les promesses ont été acceptés en tant que rançon. Ensuite, tout le monde réuni, on regardait le Soleil levant. On croyait qu'en ce moment il jouait avec ses rayons et changeait de couleurs. "Koupalle" se présentait comme une frontière de temps. A partir de cette fête, le jour diminuait, la nuit devenait plus longue. Ce n'est pas par hasard, que l'on liait avec cette nuit des histoires les plus horrifiantes l'une que l'autre, sur les sorcières, les diables, les sirènes. De bouche à l'oreille, on évoquait des légendes sur la transformation des sorcières en crapaud, souris ou lézards. Ils pénétraient chez les gens pour priver une vache de son lait, apporter des malheurs dans la famille. C'est pourquoi pendant la nuit de "Koupalle" on veillait, on ne dormait pas, ayant peur des forces de malheur. C'est pourquoi, on allumait des feux et on se rassemblait autour d'eux pour célébrer le Soleil et la Vie...
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2 commentaires:
Super sympa comme fête traditionnelle ! Champêtre et romantique à souhait !
Bises
TiteZa
.. t'as raison titeza.. franhement très frais ce 7.. hummm ça sent bon l'été... même frais ...
bisous Tania.. et à toi aussi titeza... tata
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